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Un gentleman oisif

Trente années s’écoulèrent, intéressantes mais sans grands événements, ponctuées de joies et de peines telles que le temps et le destin en distribuent à tout être humain. La plus grande de ces joies fut totalement inattendue ; en fait, avant son départ de la Terre pour Ganymède, Poole en aurait même écarté l’idée comme saugrenue.

On dit souvent que l’absence ne fait qu’aviver les sentiments. Lorsque Frank Poole et Indra Wallace se retrouvèrent, ils découvrirent qu’en dépit de leurs taquineries et de leurs disputes occasionnelles, ils étaient plus proches l’un de l’autre qu’ils ne l’avaient supposé jusque-là. Les choses en arrivèrent au point que, pour leur plus grande joie à tous les deux, Indra donna naissance à Dawn Wallace et à Martin Poole.

Il était un peu tard dans leur vie pour fonder une famille (sans compter le petit détail des mille ans), et le Pr Anderson les avait même avertis que cela pourrait se révéler impossible. Voire pis…

— Vous avez eu plus de chance encore que vous ne l’imaginez, dit-il un jour à Poole. Curieusement, vous avez très peu souffert des radiations, et nous avons pu procéder aux restaurations essentielles à partir de votre ADN intact. Mais jusqu’à ce que nous ayons procédé à de nouvelles analyses, je ne peux vous garantir l’intégrité génétique. Alors prenez du bon temps… mais ne songez pas à fonder une famille avant que je vous donne mon accord.

Les résultats des analyses se faisaient attendre et, comme Anderson l’avait craint, d’autres soins se montrèrent nécessaires. Ils durent renoncer à une première grossesse (le fœtus ne serait pas viable, même si on laissait son développement se poursuivre au-delà des premières semaines), mais finalement Martin et Dawn se révélèrent parfaits, pourvus du nombre nécessaire de têtes, bras et jambes. Ils étaient également beaux et intelligents, et réussirent, mais de justesse, à ne pas être gâtés par l’amour de leurs parents. Ceux-ci, au bout de quinze ans, finirent par reprendre leur indépendance, mais conservèrent leur amitié l’un pour l’autre. En raison de leur Coefficient de Réussite Sociale, ils auraient été autorisés – et même encouragés – à avoir un autre enfant, mais ils décidèrent de ne pas taquiner une chance qu’ils jugeaient déjà insolente.

Au cours de cette période, pourtant, l’existence de Poole avait été endeuillée par une tragédie, qui avait d’ailleurs choqué toute la communauté solaire. Le capitaine Chandler et son équipage avaient perdu la vie dans l’explosion du noyau de la comète qu’ils étaient en train de convoyer. La destruction du Goliath fut si complète qu’on n’en retrouva que quelques fragments. De telles explosions – provoquées par des réactions entre molécules instables à de très basses températures – étaient connues des convoyeurs de comètes, et Chandler en avait observé souvent au cours de sa carrière, mais personne ne sut jamais en quelles circonstances un astronaute aussi expérimenté que lui s’était laissé surprendre.

La perte fut cruelle pour Poole : le capitaine avait joué un rôle essentiel dans sa vie, et personne ne le remplacerait jamais, personne sauf Dave Bowman avec qui il avait partagé tant d’aventures. Ils avaient parfois parlé de retourner ensemble dans l’espace, peut-être jusqu’au nuage d’Oort, avec ses mystères et son trésor de glace inépuisable. Jamais, cependant, ils n’avaient pu faire coïncider leurs emplois du temps, et ce projet resterait donc à jamais inaccompli.

En revanche, Poole avait réussi à mener à bien un autre projet qui lui tenait à cœur, et cela malgré l’avis contraire des médecins : il était descendu sur Terre. Une seule fois, mais elle lui avait suffi.

Le véhicule dans lequel il avait voyagé ressemblait à s’y méprendre aux fauteuils roulants utilisés par les paraplégiques les plus chanceux de son époque. Il était motorisé, et ses pneus rebondis lui permettaient de rouler sur les surfaces qui n’étaient pas trop irrégulières. Mais il pouvait aussi voler – à une altitude d’environ vingt centimètres – sur un coussin d’air généré par de petites hélices aux moteurs très puissants. Poole se montra surpris par l’utilisation d’une technologie aussi primitive, mais les appareils à propulsion inertielle étaient trop volumineux pour des déplacements aussi courts.

Assis confortablement dans son fauteuil roulant, il se rendit à peine compte que son poids s’accroissait au fur et à mesure de la descente ; il éprouvait bien une certaine difficulté à respirer, mais il avait connu pire lors de sa formation d’astronaute. Il n’était cependant pas préparé à la chaleur de fournaise qui s’abattit sur lui dès qu’il eut quitté le gigantesque cylindre qui formait la base de la tour Afrique. Et ce n’était encore que le matin : quelle température ferait-il à midi ?

Il s’accoutumait à peine à la chaleur que son sens de l’odorat fut brutalement assailli. Une infinité d’odeurs, jamais déplaisantes mais toutes inconnues, attiraient son attention. Pour éviter la surcharge de ses circuits d’entrée, il ferma les yeux pendant plusieurs minutes.

Avant qu’il ait eu le temps de les rouvrir, il sentit quelque chose d’humide contre sa nuque.

— Dites bonjour à Elizabeth, dit son guide, un jeune homme solidement bâti, vêtu de la traditionnelle tenue du grand chasseur blanc, beaucoup trop élégante pour être d’une quelconque utilité. C’est elle qui est officiellement chargée de nous accueillir.

Poole se retourna dans son fauteuil et découvrit un éléphanteau qui le contemplait de son regard profond.

— Bonjour, Elizabeth, répondit-il d’une voix faible.

Elizabeth leva la trompe en guise de salut, et émit un son que l’on n’entend d’ordinaire pas entre gens polis, même si, Poole en était persuadé, il partait des meilleures intentions.

Il passa moins d’une heure sur la planète Terre, longeant une jungle dont les arbres rabougris ne souffraient pas la comparaison avec les spécimens magnifiques de Skyland, et croisant une grande partie de la faune locale. Son guide s’excusa de la familiarité des lions, gâtés par les touristes, mais l’allure menaçante des crocodiles compensa largement cette faute de goût ; il avait bien en face de lui la nature sauvage et vierge.

Avant de retourner à la tour, Poole risqua quelques pas hors du fauteuil roulant. Il se rendait compte que cet exercice équivalait à porter son propre poids sur son dos mais il ne lui semblait pas impossible, et il ne se serait jamais pardonné de ne pas l’avoir au moins tenté.

Ce n’était pas une bonne idée ; peut-être aurait-il dû essayer sous un climat plus frais. Après seulement une dizaine de pas, il fut heureux de retrouver les bras accueillants du fauteuil.

— Ça suffit, dit-il d’un air las. On retourne à la tour.

Dans le hall de l’ascenseur, il vit un écriteau qu’il n’avait pas remarqué dans l’excitation de l’arrivée.

 

BIENVENUE EN AFRIQUE

 

« La sauvegarde du monde passe par celle de la vie sauvage. »

HENRY DAVID THOREAU (1817-1862)

 

Remarquant l’intérêt de Poole, le guide lui demanda :

— Vous l’avez connu ?

Poole était sans cesse confronté à ce genre de questions, et pour le moment il ne se sentait pas d’humeur à se lancer dans des explications.

— Je ne crois pas, répondit-il.

Les grandes portes se refermèrent derrière eux, effaçant les paysages, les odeurs et les bruits de ce qui avait été la première demeure de l’espèce humaine.

Son safari vertical avait comblé son désir de revoir la Terre et, en retournant vers son appartement du 10 000e étage, situation prestigieuse même dans cette société démocratique, il fit de son mieux pour ignorer les douleurs qu’il éprouvait dans tout le corps. Indra, pourtant, s’inquiéta de son état et l’envoya se coucher illico.

— Exactement comme Antée… mais à l’inverse, murmura-t-elle d’un air sombre.

— Qui ça ? demanda Poole.

Il se sentait parfois dépassé par l’érudition de sa femme, mais avait pris la ferme décision de ne pas laisser naître en lui un complexe d’infériorité.

— C’était le fils de Gê, la déesse de la Terre. Hercule a lutté contre lui, mais chaque fois qu’il était jeté à terre, Antée retrouvait ses forces.

— Qui a gagné ?

— Hercule, bien sûr, en tenant Antée en l’air de façon à ce que sa maman ne puisse plus recharger ses batteries.

— Eh bien, moi, je suis sûr qu’il ne me faudra pas longtemps pour recharger les miennes. Et ça m’a servi de leçon : si je ne fais pas plus d’exercices physiques, je vais devoir monter jusqu’au niveau de la pesanteur lunaire.

Les bonnes résolutions de Poole durèrent un mois : chaque matin, il parcourait cinq kilomètres d’un pas vif, choisissant chaque fois un étage différent de la tour Afrique. Certains étages, de vastes déserts de métal renvoyant l’écho de ses pas, ne seraient probablement jamais occupés, mais d’autres qui, au cours des siècles, avaient été aménagés de façon paysagère, présentaient une variété stupéfiante de styles d’architecture. Certains avaient emprunté aux temps passés et à différentes cultures ; d’autres étaient voués à des avenirs que Poole préférait ne pas connaître. Au moins ne risquait-on pas de s’ennuyer, et la plupart du temps il était suivi, à distance respectable, par d’amicales bandes d’enfants. Cependant, ceux-ci arrivaient rarement à le suivre tout au long de son parcours.

Un jour que Poole descendait une imitation convaincante quoique guère peuplée des Champs-Élysées, il remarqua un visage familier.

— Danil ! s’écria-t-il.

L’homme ne sembla pas entendre, même lorsque Poole répéta son nom d’une voix plus forte.

— Vous ne vous souvenez pas de moi ?

Danil paraissait sincèrement étonné (à présent qu’il s’était approché, il n’avait pas le moindre doute sur son identité).

— Excusez-moi, dit-il. Vous êtes le commandant Poole, bien sûr. Mais je suis sûr que nous ne nous sommes jamais vus auparavant.

Ce fut au tour de Poole de se montrer embarrassé.

— C’est idiot de ma part, s’excusa-t-il. J’ai dû vous prendre pour quelqu’un d’autre. Au revoir.

Poole était pourtant heureux de cette rencontre, et content de savoir que Danil avait rejoint la société normale. Peu lui importait, à lui, son ancien employeur, qu’il ait été condamné pour avoir assassiné des gens à coups de hache ou pour avoir rendu en retard des livres empruntés à la bibliothèque ; la dette était payée, l’ardoise effacée. Bien que Poole regrettât parfois les films policiers de sa jeunesse, il avait fini par adopter le bon sens de l’époque : l’intérêt excessif porté aux comportements pathologiques était en soi pathologique.

Avec l’aide de Mlle Pringle, son Mk III, Poole avait réussi à organiser son existence de façon à se ménager des moments d’oisiveté, au cours desquels il branchait sa coiffe de pensée sur « recherche aléatoire », parcourant ainsi ses centres d’intérêt. En dehors de sa famille, il s’intéressait surtout aux lunes de Jupiter/Lucifer, d’autant que, reconnu comme l’un des meilleurs experts sur ce sujet, il avait été nommé membre permanent du comité Europe.

Ce comité avait été créé près d’un millier d’années auparavant pour envisager la conduite à tenir vis-à-vis de ce mystérieux satellite. Au cours des siècles, il avait accumulé une grande quantité d’informations, intégrant les survols effectués par Voyager en 1979 et les données recueillies en 1996 (l’année même de la naissance de Poole) par Galileo.

Comme la plupart des institutions anciennes, le comité Europe s’était lentement fossilisé et ne se réunissait plus que lorsque survenaient des événements nouveaux. Il s’était réveillé brutalement avec la réapparition d’Halman et avait nommé une présidente énergique, dont la première décision avait été de coopter Poole.

Bien qu’il ne pût guère apporter d’éléments supplémentaires, Poole avait été enchanté d’appartenir au comité. D’une part, il pensait que c’était là son devoir, et d’autre part cela lui donnait une position officielle qu’il n’aurait pas eue sans cela. Auparavant, il jouissait du statut de « trésor national », ce qui était pour le moins embarrassant. Il appréciait, certes, d’être entretenu sur un grand pied par une société infiniment plus riche que tout ce que les époques antérieures, ravagées par la guerre, avaient imaginé, mais il éprouvait néanmoins le besoin de justifier son existence.

Il éprouvait également un autre désir, qu’il avait presque du mal à s’avouer. Trente ans auparavant, Halman lui avait parlé, quoique brièvement, et Poole était persuadé qu’il recommencerait si tel était son désir. Les contacts avec les hommes ne l’intéressaient-ils donc plus ? Poole avait du mal à le croire ; il devait exister une explication à son silence.

En revanche, il entretenait de fréquents contacts avec Théodore Khan, plus actif et plus acerbe que jamais, qui représentait désormais le comité Europe sur Ganymède. Depuis le retour de Poole sur la Terre, Khan avait plusieurs fois essayé, mais en vain, d’ouvrir un canal de communication avec Bowman. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il ne recevait pas ne fût-ce qu’un accusé de réception aux longues listes de questions qu’il lui adressait, sur des sujets historiques et philosophiques d’importance vitale.

— Votre ami Halman est-il tellement occupé par le Monolithe qu’il ne peut pas me parler ? dit-il un jour à Poole. Et puis de toute façon, que fait-il de son temps ?

C’était une question parfaitement sensée, et la réponse vint comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages, sous la forme d’un banal appel vidéophone… de Bowman en personne.

3001 : l'odyssée finale
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